Quand la glace raconte Québec : le retour des Contes à passer le temps
Depuis hier, les Contes à passer le temps sont de retour. Quel plaisir de se retrouver dans les voûtes de la Maison Chevalier pour assister à une soirée de contes originaux et modernes, et plonger de très belle façon dans l'ambiance des fêtes de fin d’année tout en découvrant des créations originales enracinées dans les quartiers de la ville de Québec!
Cette tradition théâtrale est désormais bien ancrée à Québec et en est à sa 14e édition. Combinant narration, théâtre et musique dans une ambiance festive, souvent teintée de nostalgie et de souvenirs d’enfants, l’événement est de retour depuis ce dimanche 15 décembre pour une série de contes modernes et originaux inspirés de Noël et du patrimoine immatériel de la Ville de Québec. La Maison Chevalier est un écrin idéal pour les contes, avec son atmosphère chaleureuse et intime, et qui plonge dans une ambiance immersive qui rappelle les veillées d'antan, incluant la possibilité de profiter d’un très tentant bar à dessert.
La glace, le patinage et le hockey sont à l’honneur cette année et irriguent toutes les histoires qui sont racontées devant le public, aussi attentif et réactif que l’on peut être quand on plonge avec douceur et impatience dans une soirée de contes, avec cet esprit d’émerveillement propre à l’enfance. Il sera question de patinoires, de hockey, de vitesse, et même des dangers du verglas, offrant une ambiance féérique et ancrée dans le quotidien hivernal. Qu’on se le tienne pour dit: il y aura du patinage dans les voûtes de la Maison Chevalier, au sens le plus concret du terme!
Les six contes traversent les époques et font passer par toutes les émotions. On remonte dans les années 1910 et la Eastern ladies hockey league, première ligue de hockey féminin, et la mystérieuse Albertine Lapensée… puis une naissance précipitée lors d’une game du Canadien en octobre 1984 et un destin marqué par le sport et sa vitesse, la crise du verglas et les douloureux souvenirs qui remontent dans le mystérieux décor de la Fabrique du vin dans Saint-Jean-Baptiste, en passant par une rencontre avec Langis Caron et une improbable course de fauteuils roulants en plein hiver dans Limoilou ou encore, pour les personnes familières des Contes à passer le temps, le retour de l’Amour au temps des souffleuses, où la fine équipe de déneigeurs de la Ville de Québec devra à nouveau unir ses forces pour sauver l’âme du Père Noël.
Les Contes sont écrits par des auteurs locaux, qui s'inspirent du folklore et de l’histoire locale de Québec. Bien qu'ancrées dans la tradition, ces histoires sont revisitées avec une touche d'humour, de poésie et de modernité et de fantastique, et parfois avec beaucoup d’émotion (il n’y avait pas un œil sec lors du conte se déroulant dans une maison de soins palliatifs). Fidèle à l'esprit des Fêtes, les contes mettent l'accent sur le partage, la convivialité et les souvenirs intergénérationnels (en particulier Thérèse, personnage qui traverse la soirée). Les Contes à passer le temps sont décidément un beau cadeau à s’offrir en temps de Fêtes, et il est dommage que l’on ne puisse pas profiter de plus de représentations. Ils réussissent à marier la poésie, le fantastique et la réalité, tout en reflétant des particularités des quartiers de Québec en plein hiver, décrits avec beaucoup d’affection. Il y a dans les contes beaucoup de poésie, qui se retrouve dans les descriptions sensibles et imagées du paysage urbain et hivernal, même les plus insoupçonnés, comme le bureau de l’arrondissement de la Cité-Limoilou rue du Pont, une résidence privée pour aîné.e.s de Limoilou, le verglas qui tombe sur la rue Saint-Jean… La dimension fantastique, toujours subtile et délicate, vient nous rappeler l’importance des liens familiaux, de la transmission intergénérationnelle, de la solidarité et de prendre soin des personnes qui nous entourent.
Difficile de passer sous silence la fabuleuse troupe d'artistes qui donnent vie à ces récits. Miryam Amrouche, Frédéric Brunet, Vincent Champoux, Erika Gagnon, Marc-Antoine Marceau et Sophie Thibeault dégagent tous.tes une énergie incroyable et une sensibilité parfois à fleur de peau qui sied parfaitement à l’ambiance d’une veillée. On se prend au jeu et l’on en vient presque à croire que ce qu’ils nous racontent est vraiment arrivé. D’ailleurs, qui sait, c’est peut-être réellement arrivé, car tous les contes naissent de faits historiques, sociaux ou personnels. En donnant à des histoires locales une interprétation reflétant l’imaginaire collectif, mais ces bases sont réinterprétées à travers l'imaginaire collectif de Québec pour devenir des histoires intemporelles, que l’on aimerait sans doute transmettre soi-même à d’autres… Une très belle réussite.
Informations complémentaires
Billets et autres informations sur le site du Premier Acte.
Production: La vierge folle
Mise en scène: Maxime Robin
Direction artistique: Sophie Thibeault
Conception sonore: Frédéric Brunet
Textes: Rosalie Cournoyer, Jean-Michel Girouard, Sophie Grenier-Héroux, Sophie Thibeault et Maxime Robin
Interprétation: Miryam Amrouche, Frédéric Brunet, Vincent Champoux, Erika Gagnon, Marc-Antoine Marceau, Sophie Thibeault
Durée: Environ 2 h 20