Le Périscope poursuit sa saison nomade, avec Tomates, création de l’Orchestre d’hommes-orchestres (ODHO), qui se joue à la Caserne Dalhousie jusqu’au 29 avril. Un plaisir pour les yeux, les oreilles, et ce qui se passe entre les deux oreilles.
L’ODHO nous a habitué depuis plusieurs années à ses objets théâtraux non-identifiés, fascinants de minutie, extravagants de musiques éclectiques, et foisonnants de mises en abîmes sur les textes, l’univers théâtral et ce qu’il dit de nous. Une expérience à laquelle les résidents de Saint-Jean-Baptiste ont déjà pu goûter l’année dernière, lorsque l’ODHO s’est installé au Parc de l’Amérique française pour présenter le projet 150 Cabanes / Homes, créé à l’occasion du 150e anniversaire de la Confédération canadienne et offert dans le cadre du 50ème anniversaire du Festival d’été de Québec.
Pour Tomates, le collectif d’artistes multidisciplinaires s’est librement inspiré de l’essai politique “À nos Amis” du Comité invisible, dont sont tirés plusieurs textes, et du conte oral “Le sabre de lumière et de vertu de sagesse”, qui sert de trame narrative à l’ensemble. Les règles sont celles du jeu de Go, les victoires se comptent en balles de ping-pong jaunes, on rit – jaune – tout en réfléchissant aux formes de pouvoir, au capitalisme de crise, et à l’enfermement. La pièce, dont le deuxième acte se construit en même temps que se joue le premier acte, avec une caméra qui filme la conclusion alors que se déroule l’histoire sous nos yeux, est très dense, et c’est un véritable tourbillon qui emporte le spectateur pendant 1h15. Aucun temps mort, et assez de références pour plaire à différents publics, de l’anarchiste au fan de Star-Wars (ces deux catégories ne s’excluant pas).




Musicalement, si la pièce emprunte et revisite certains codes de l’opéra, Tomates est l’occasion d’offrir à vos oreilles un luxuriant voyage qui va des Cris de Paris de Clément Janequin, au clavecin français du 18ème siècle, en passant par les harmonies vocales de l’opéra baroque, et bien d’autres encore. La légèreté du clavecin accompagne délicatement l’indiscipline de façade; car tout est extrêmement bien construit dans Tomates, et à peine sort-on de la Caserne Dalhousie que l’on aimerait y retourner pour revoir la pièce et découvrir d’autres détails.
Les murs du quartier se couvrant depuis peu de graffitis en prévision du G7, les citoyens de Saint-Jean-Baptiste trouveront sans nul doute un moyen de prolonger leurs réflexions en se promenant dans les rues du Faubourg, en profitant d’un balade printanière…
Quand? du 21 au 29 avril 2018
Où? La Caserne Dalhousie, 103 rue Dalhousie (en partant du Faubourg, vous profiterez d’une belle marche printanière, ou vous pouvez prendre la ligne 11 Place d’Youville.